Je fête ce mois-ci (en novembre 2024) mes 10 ans de facilitation graphique !
Le 1er novembre 2014, j’ai ouvert ma micro-entreprise. J’ai moi-même du mal à réaliser, mais ça fait donc 10 ans maintenant que je suis facilitatrice graphique … C’est fou !
Pour marquer ce passage si symbolique des 10 ans, j’ai envie de vous partager ici 10 leçons apprises au fil de ces 10 années d’entrepreneuriat :
Au départ, je me disais que “le début n’était pas simple, mais qu’au bout de 10 ans, ce sera plus simple, j’aurais confiance…” Je ne sais pas vous, mais moi, quand je voyais des personnes qui entreprennent depuis des années, je me disais souvent : “Oh, ça va maintenant il/elle est tranquille, il/elle sait comment ça fonctionne !”
Au début, on apprend à gérer avec l’inconnu, l’incertitude de savoir quels contrats on va avoir ou pas dans les prochaines semaines et les prochains mois. On apprend à naviguer à vue. Après 10 ans de facilitation graphique, on connaît certes, de mieux en mieux les rythmes et les aléas. On comprend que le chemin de l’entrepreneur.e n’est jamais un long fleuve tranquille et que les vagues se succèdent les unes après les autres et donc qu’à priori après chaque creux de vague, une nouvelle devrait arriver…
Mais sincèrement, même au bout de 10 ans, on comprend surtout que rien n’est acquis. On voit que le contexte change. Le marché évolue. On doute parfois. Même après 10 ans. On voit aussi les autres entrepreneur.e.s. Celles et ceux qui continuent le chemin, ceux qui font le choix d’arrêter. On comprend au fur et à mesure qu’on navigue sur ces vagues, dans les creux, on rêve parfois d’une terre ferme avec un bon salaire chaque mois, et puis finalement non… Bref, rien n’est vraiment linéaire là-dedans !
Autant au lancement de mon activité, c’était une évidence d’aller faire du réseau : apprendre à connaître les gens du territoire, me faire identifier et proposer mes services. Alors c’est vrai, du réseau, on en fait toujours de façon plus ou moins formelle. Mais j’avoue avec le temps, les années passant, l’agenda se remplissant de plus en plus, et ma vie de maman rendant aussi le rythme plus intense, j’ai eu tendance à délaisser un peu plus la partie “réseautage” en soirées et à vouloir privilégier les contrats “clé”.
Ça fonctionne un temps certes, mais quand reviens le creux de la vague suivante, on se dit qu’on aurait peut-être bien fait d’accepter ponctuellement des projets moins rémunérateurs, mais auprès d’acteurs chouettes et engagés qui peuvent peut-être s’avérer être (ou pas ! ) des relais pour ces périodes plus creuses. Alors on est d’accord que ce n’est pas toujours possible ni souhaitable quand on est dans des périodes de vies intenses, mais en revanche quand l’agenda s’allège un peu, je trouve chouette de pouvoir aussi contribuer à des projets qui font sens.
Une histoire m’a particulièrement touchée au début de mon chemin d’entrepreneure et je vous la partage ici :
Au démarrage de mon activité à Nantes en 2014/2015, je venais de passer presque un an à faire du réseau, expliquer aux personnes ce qu’était la facilitation graphique, car c’était encore peu connu à l’époque. Quand un beau jour, une personne très chouette (elle se reconnaîtra 🙂 ) me contacte en me disant qu’elle veut se lancer elle aussi en facilitation graphique à Nantes… J’avoue, moi qui à l’époque commençais tout juste à décrocher mes premiers contrats, j’ai eu un réflexe de défense : “Oh non… elle va tout me prendre ! “
J’ai gardé cette première réaction pour moi et j’en ai parlé à une amie de confiance qui m’a encouragé à voir le positif : “Vous allez être deux sur le territoire, ça va créer de la demande et il y aura largement de la place pour vous deux !”. J’avoue au début, c’était difficile de croire cela. Mais j’ai fait le choix de lui dire la même chose : ” Il y a aura de la place pour nous deux” même si au fond, j’avais peur.
Au fil des années, cette personne est devenue une amie de confiance. Nous avons travaillé ensemble à plusieurs reprises. A partir de ce premier lien de confiance tissé, nous avons connecté par la suite à beaucoup d’autres personnes qui se sont elles aussi lancé en facilitation graphique sur ce même territoire. 10 ans après, il doit y en avoir plus d’une dizaine maintenant (voir plus encore).. Et nous avons créé un précieux réseau de confiance et de soutien entre praticien.ne.s.
Plusieurs fois, des personnes sont venues me voir avec des projets “fous” “incroyables”, des projets très ambitieux auxquels il/elle.s m’ont proposé d’être associée. En se rencontrant, on sent vite si, et comment, on peut travailler avec cette/ces personne.s. Au début, dans certains cas, même si je sentais bien que la collaboration serait difficile, je me disais, “je dois poursuivre malgré tout car ce projet est incroyable”. Et puis au fur et à mesure, j’ai appris que quand la collaboration avec une personne est difficile, il vaut peut-être mieux refuser de travailler avec elle plutôt que d’insister pour un projet soi-disant génial, qui au final ne l’est peut-être pas tant que ça… J’ai appris au fil du chemin que parfois, il est bon de dire oui, même quand on a peu peur, mais que parfois dire non, peut s’avérer être salvateur, voir complètement empouvoirant !
Une chose essentielle pour moi sur ce chemin d’entrepreneuriat, c’est avant tout la façon dont je gère mon temps et donc mon agenda. Après avoir essuyé quelques déboires les tous premiers mois, j’ai vite compris que la gestion de l’agenda est une des clés essentielles. Prendre le temps de vérifier une disponibilité avant de programmer quoi que ce soit d’autre, prévoir des plages de repos après des journées intenses, bien anticiper les temps de déplacements, les horaires, la logistique de transport du matériel le cas échéant. Toutes ces choses qui peuvent paraître futiles ou dérisoires, mais qui pour moi sont clairement une clé essentielle pour éviter du stress inutile et préserver son énergie sur le long terme.
Alors là, c’est certainement ma formation initiale en développement territorial qui ressurgit, mais il me semble essentiel d’être conscient.e du territoire sur lequel on entreprend, de son fonctionnement et de ses spécificités. J’ai compris cela quand j’ai déménagé de Nantes jusqu’à Brest en 2017. En démarrant à Nantes, j’avais élaboré (le mot est un peu fort, mais vous voyez l’idée.) une sorte de “stratégie” pour développer mon activité. Quelques années plus tard, en arrivant à Brest, je me suis dit que j’allais reprendre ma bonne vieille “stratégie” pour me faire connaître sur ce nouveau territoire… Erreur de débutante ! L’écosystème brestois ne fonctionne de la même manière que celui de Nantes, loin de là ! Ici, le réseau “réel” prime avant tout ! J’ai donc dû revoir ma stratégie et surtout sa temporalité.
Passé l’euphorie des premières formations et des premières années de pratique… parfois on peut avoir tendance à laisser filer l’essentiel.
Continuer à nourrir sa pratique, que ce soit en formation, dans des workshops, en rencontrant d’autres praticien.ne.s et d’autres façons de fonctionner, en croisant sa pratique avec d’autres disciplines, en continuant à tester de nouvelles choses juste pour le plaisir de l’expérience. C’est facile de passer à côté, cela demande du temps, parfois de l’argent et dans tous les cas une certaine énergie. Là encore certaines périodes de vies plus intenses que d’autres peuvent venir bousculer ces élans nourriciers. Il me semble essentiel de continuer à chercher à explorer sans cesse pour venir nourrir et faire évoluer notre pratique.
Reconnecter régulièrement à sa vision : qui je veux être dans 10 ans, dans 20 ans dans 30 ans ?
Là encore, dans le quotidien de la vie, des contrats, des déplacements, des mails et des interactions variées, on peut avoir tendance à mettre de côté nos “grands projets”. Il me semble important de garder dans un coin de notre tête ou de notre bureau (sur un post-it, un mood-board ou un panneau), cette vision de vers où l’on souhaite aller et se demander chaque jour si ce que je fais contribue à rendre cette vision réelle.
Pour progresser et apprendre, il n’y a qu’une option : faire, faire et faire encore. Alors quel que soit notre objectif, même si parfois, on peut se dire que cela manque un peu de piment, gardons le cap : faisons !
Une connaissance m’a un jour demandé : “Alors, tu fais toujours de la facilitation graphique ?”. Je me suis dit, “Ok certes, je n’ai pas changé mille fois de métier ces dernières années, mais j’ai en revanche acquis pas mal d’expérience en la matière.” Et c’est une chose que j’ai envie de garder : poursuivre au long cours, même si tout n’est pas toujours trépidant (encore que…). Si j’ai envie d’acquérir encore de l’expérience, pour être un jour “celle qui scribe depuis 20 ans ou 30 ans”, et bien, il faut garder le cap et continuer à pratiquer 🙂
….et c’est clairement mon pain point :/
Quand je me suis lancée, je me sentais challengée et stressée par mes premières captures visuelles en temps réel. Avec le temps, j’ai gardé l’adrénaline, mais pas le stress. C’est devenu plus simple.
Aujourd’hui, j’ai mille projets dans ma marmite, mille idées que j’aimerais développer, tester, essayer. J’en ai testé quelques-unes, c’est vrai. Mais j’aimerais avoir cette audace de tester plus souvent, d’oser sortir de nouvelles propositions, oser me challenger de nouveau ! N’avoir pas peur de décevoir, oser essayer.
Je crois que c’est l’un des objectifs que j’aimerais poser pour les 10 prochaines années : oser tester de nouvelles choses et continuer à explorer !